Rendre visible l’invisible amour de Dieu
Message de Noël de la FLM
Le Christ « est l’image du Dieu invisible, Premier-né de toute créature, car en lui tout a été créé, dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles comme les invisibles » (Col 1,15-16).
Pour beaucoup d’entre nous, les souvenirs les plus anciens et les plus chers de notre apprentissage de la foi sont certainement liés à la crèche de Noël. Nous lisons des livres, chantons des hymnes, participons à des spectacles de la Nativité représentant Marie et Joseph avec l’enfant Jésus au milieu d’animaux, de bergers et d’anges, accueillant sa naissance dans l’étable de Bethléem.
Cette image familière et rassurante, nous la recréons chaque année dans nos demeures, dans nos églises, mais aussi dans des lieux publics, pour nous rappeler du véritable sens de Noël, au milieu de l’agitation des achats et des célébrations de la période des fêtes.
Mais attardons-nous un instant sur ce nouveau-né emmailloté et déposé dans une mangeoire, pour reprendre les mots de l’évangéliste Luc. Si nous approfondissons la réflexion sur le mystère de l’Incarnation, de la venue de Dieu dans le monde pour vivre parmi nous, sommes-nous capables de voir sur le visage de ce tout petit bébé l’image du « Dieu invisible »? Pourquoi le créateur de l’univers a-t-il choisi cette famille simple et cette humble étable comme cadre d’un événement appelé à changer le cours de l’histoire ?
Nous savons que Jésus est le fils premier-né de Marie, mais dans son épître aux Colossiens, Paul nous rappelle qu’il est aussi le « premier-né de toute créature ». Et Jean nous dit que le Christ est le Verbe, qu’il « s’est fait chair et il a habité parmi nous ». Ce même Verbe « était au commencement tourné vers Dieu. Tout fut par lui ».
L’Écriture nous enseigne que l’enfant Christ dans la mangeoire est le Fils de Dieu, le Roi des rois. Toutefois, le fait de choisir un charpentier galiléen et une paysanne dans un coin perdu de l’Empire romain pour cadre familial de la vie terrestre de Jésus nous montre de quelle manière sa royauté bouleverse nos modèles terrestres de pouvoir et d’autorité. Ce sera un modèle radicalement nouveau de leadership serviteur, dans lequel le Prince de la paix s’abaissera pour laver les pieds sales de ses disciples.
L’Ancien Testament nous apprend que l’on ne peut pas regarder la gloire de Dieu en face. Or, le message extraordinaire de Noël est que, du fait de la naissance et de la vie terrestre du Christ, nous pouvons regarder l’image de Dieu parfaitement reflétée dans son Fils bien-aimé. La Bible nous rappelle que nous aussi, nous sommes créé-e-s à l’image de Dieu, et que l’amour invisible du Dieu trinitaire devient visible en nous et à travers nous.
Par conséquent, au moment d’installer nos crèches et de nous préparer une fois encore à accueillir le bébé de Bethléem, prenons le temps de méditer sur cette vérité étonnante. Efforçons-nous de voir l’image de Dieu en l’autre, en particulier sur le visage des personnes qui sont souvent rejetées ou ignorées : les affamé-e-s, les persécutée-s, les réfugié-e-s, les détenu-e-s, les toxicomanes, les sans-abri.
Je vous souhaite, ainsi qu’à tous les êtres qui vous sont chers, un Noël particulièrement béni, durant lequel, en contemplant la crèche, vous découvrirez à nouveau le visage de Dieu, qui nous rapproche de l’inépuisable relation de l’amour divin.
Archevêque Panti Filibus Musa
Président de la Fédération luthérienne mondiale
